But Gastronomique ( Libre )

C'est avec l'idée d'un bon repas à l’heure où treize sons cloche résonneront dans la vallée que Mademoiselle Thayw se mit en route le matin même, pas vraiment de bonne heure mais suffisamment tôt pour avoir le temps de faire une belle promenade avant que le ciel de déverse ses larmes froides sur les alentours. Pour l’heure, on pouvait voir faiblement briller le soleil au travers du ciel voilé de nuages, que la brise tentait de pousser plus loin, toujours plus loin. Elle avait pris un cheval qu'elle récemment acquis, destiné bien sur à ses clients mais sur le dos duquel elle s’offrait en ce beau mardi une petite ronde sympathique. Les claquements des fers sur le pierres du chemin la berçait doucement, alors qu’elle profitait au maximum du soleil, son pull de laine épais noué autour de la taille, une besace en cuir pendue autour du cou, contenant de quoi se payer a manger pour une personne avec un seuil de gourmandise sensiblement élevé, comme elle-même par exemple. Accélérant l'allure de son cheval, passant ainsi dans un trot énergique qui lui permettrait d'aller loin, ou au moins jusqu'à une auberge digne de ce nom, elle espérait cependant rallier Naymen avant que le soleil n'ait atteint son zénith. Pas vraiment sure de la distance, elle avait parié sur l'hospitalité des gens en cas de souci de parcours, mais loin d’être une personne a tendance défaitiste, elle restait motivée et allait d’un bon train. La solitude ne l’avait jamais dérangée, loin de là, elle lui permettait d’observer les paysages et la nature qui lui était familière au lieu de se soucier de faire la conversation à quelqu’un. Le temps passait, le chemin serpentait sous les sabots du cheval, sans qu’elle ne voie l’ombre d’une civilisation, mis à part une chaumière par-ci ou un paysan travaillant ses terres par-là. L’appel du ventre fut plus fort que tout, et lorsqu’elle passa sous un arbre fruitier, elle ne put s’empêcher de s’arrêter pour goûter aux fruits. Sans doute était-ce des poires, mais leur couleur verte et leur forme petite et ronde lui indiquèrent sans faillir que rien de tout cela n’était mur. Au diable les saisons, la jeune femme se issa sur ses étriers et cueillit un fruit, dans lequel elle croqua avidement. L’acidité se répandit dans sa bouche, la rendant sèche et pâteuse, alors qu’elle recrachait aussi vite qu’elle l’avait croqué le morceau de poire d’une manière peu délicate, je dois l’avouer.